Le vent souffle sur les drapeaux
du FLNKS (Front Libération National Kanak Socialiste).
Wea Nine, le chef de la tribu de
Gossanah, âgé de 71 ans, passe devant la tombe de l’un de ses frères et fait un
discours émouvant sur sa mort. Le groupe est invité à s’installer sous une
tonnelle de bois et de feuilles de cocotier pour discuter principalement des événements,
qui ont eu lieu en 1988 dans cette tribu même. Un des anciens de la tribu se
joint au groupe. Il s’agit d’un des frères de Nine, Macki âgé de 68 ans qui lui
aussi a vécu les événements.
Le 25 avril 1988 à 6h00, suite à
la prise en otage de gendarmes par des kanaks, les forces de l’armée française
débarquent massivement et entourent la petite ile d’Ouvéa. Les habitants
luttent pendant 2 jours puis succombent à la pression de l’armée qui entre et
encercle la tribu. Enfermés dans une case, plus de 100 hommes torturés,
attachés, mis à nu et contraints de se nourrir avec seulement 3 verres d’eau
par jour subissent les pressions des militaires qui souhaitent retrouver les
otages. Quelques jours plus tard, les otages sont libérés et 19 kanaks perdent
la vie lors d’un assaut de l’armée.
Ces deux hommes témoins de cet
événement se confient avec émotion. « Il
y a 15 ans, on aurait pas pu raconter tout ça »
En 1996, une coutume de pardon
entre les gendarmes et les membres de la tribu de Gossanah a eu lieu. Tout
comme en 2004, avec la famille de Jean
Marie Tjibaou pour se faire pardonner de son assassinat orchestré par l’un des
frères de ces deux vieillards. En 2011, le film de Matthieu Kassovitz « L’ordre
et la morale » leur a aussi permis d’exprimer ce qu’ils ont vu et vécu.
Toutes ces étapes ont été nécessaire
pour qu’ils puissent enfin, après 27 ans, se livrer et témoigner de ce calvaire
qui a marqué leur vie à jamais...
« On pardonne mais on n’oublie pas »
Ces deux anciens sont ravis
d’enfin pouvoir exprimer ce qu’ils ont ressenti et vécu. Cependant ils ont
éprouvé de l’amertume, une profonde tristesse en se confiant. Les larmes aux
yeux, ils expliquent le déroulement de l’assaut ainsi que de la prise d’otages
avec beaucoup d’émotion car ces hommes se livrent pour la première fois devant
des métropolitains. Cela leur permet d’exprimer leur ressenti et de transmettre
l’histoire touchante de la Kanaky qui se bat pour l’indépendance. Ces doyens sont
convaincus et affirment que la tradition pousse à pardonner.
« On est blanc, on est noir,
le sang est de la même couleur »
Ecrit par Amina, Inès, Souleymane et Amar
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